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Quand le feu est allumé : hommage aux projets qui ne donnent pas les résultats escomptés

avec
Lauréanne Cauchy-Richer
Stratège en innovation sociale
2025-04-07
2025-06-04
10
min
innovation municipale
design thinking
acceptabilité sociale
participation citoyenne

Dans le monde municipal, développer un projet est souvent un travail qui mobilise du temps, des ressources et beaucoup d’efforts.

La dernière chose qu’on souhaite est donc qu’un groupe d’opposition se manifeste en cours de route.

Pourquoi?

Parce que l’acceptabilité sociale est un élément complexe à gérer, et que lorsque le feu est déjà allumé, il peut devenir très difficile de l’éteindre.

Travailler à l’acceptabilité sociale garantit-elle vraiment un consensus?

La réponse est simple : non.

L’acceptabilité sociale est un processus qui repose sur un nombre important de fondations :

  • L’implication des citoyens et le moment où ceux-ci sont impliqués dans un projet.

       En amont du projet, en cours de route, après sa conception?

  • L’ouverture au changement de la population.

       Le projet va-t-il fondamentalement transformer le paysage, l’identité, l’environnement du milieu d’accueil?

  • Les impacts sur les citoyens.

       Combien ça va coûter, vais-je en bénéficier ou en souffrir, vais-je perdre des privilèges, est-ce que ça va me faciliter ou me        compliquer la vie?

  • La confiance des citoyens.

       Ont-ils de bonnes relations avec vous, sont-ils satisfaits?

  • Le contexte médiatique et politique.

       Comment l’enjeu est-il traité par les médias et la population, y a-t-il de la mésinformation ou de la désinformation qui circule?

L’acceptabilité sociale n’est pas non plus une science exacte.

Il est tout à fait possible qu’un projet bien ficelé, appuyé de données fiables et intégrant la participation citoyenne fasse tout de même face à de l’opposition. Malgré tous nos efforts, l’opposition demeure toujours une possibilité dans le milieu municipal, qu’on la juge fondée ou non.

Travailler à l’acceptabilité sociale, ce n’est pas de convaincre l’ensemble de la population pour arriver à un consensus. Après tout, le débat et la diversité d’opinion existera toujours, et est même un fondement important de la vie démocratique.

C’est davantage un processus qui permet à la population de recevoir les informations nécessaires leur permettant de se former une opinion éclairée et au projet d’être mieux intégré dans son milieu d’accueil. Ce processus permet également à la communauté de s’approprier le projet et d’y contribuer, notamment par la participation citoyenne.

L’opposition : parlons-en

Exemple : un groupe de citoyens s’oppose farouchement à l’implantation d’un projet d’éoliennes, qui bénéficierait toutefois grandement à la communauté d’un point de vue financier, et qui n’aurait que peu d’impacts sur les individus et l’environnement.

Doit-on se fier sur ce groupe comme critère d’acceptation du projet, ou prendre en compte les bénéfices plus larges et les données disponibles?

La réponse se situe entre les deux.

Ultimement, les élus et l’appareil municipal ont une mission : assurer le bien-être de leur population à travers la saine administration de la municipalité.

  • Si le projet garantit à la Municipalité des bénéfices importants lui permettant de mieux répondre aux besoins des citoyens, cet élément doit être pris en compte.
  • La Municipalité se doit également d’être diligente dans l’analyse des impacts : quels sont les effets positifs et négatifs possibles? A-t-on suffisamment de données pour appuyer notre décision?
  • Il importe finalement de prendre en compte l’avis des citoyens, qu’ils soient d’accord ou non avec le projet. Des partisans peuvent aider à faire valoir les bénéfices d’un projet, tandis que des opposants pourraient soulever des angles morts à prendre en considération. Tous peuvent contribuer à optimiser le projet par leurs expériences, expertises et idées, pour peu qu’on soit prêt à les écouter.

Une fois tous ces éléments pris en compte, la vision stratégique, la balance des impacts, le cadre règlementaire et même le niveau de courage politique sont autant d’éléments qui peuvent influencer le résultat final d’une décision.

La bonne attitude

Pour qu’une démarche d’acceptabilité sociale soit réussie, une base importante doit être établie dès le début : le dialogue.  

En étant prêt à écouter, ouvert aux préoccupations et aux pistes de solutions, et disposé à ajuster le projet pour mieux répondre aux besoins, on se donne de meilleures chances que le projet voit le jour.

Cela nécessite une posture où on met l’égo de côté, où on accueille la critique de manière constructive et où on garde la tête froide pour analyser de la manière la plus objective possible les données disponibles.

Voici quelques suggestions pouvant donner un coup de pouce à l’acceptabilité :  

  • Impliquer une ressource externe (expert technique, firme de communication ou de participation publique, etc.).

       Augmente la crédibilité et le professionnalisme de la démarche

  • Accorder une place importante aux communications pour augmenter le sentiment de confiance et de transparence.

       Dans un domaine où l’opinion publique est fortement influencée par les apparences, vous outiller pour diffuser les bons        messages et par les bons canaux peut faire toute une différence dans l’adhésion à une initiative.

  • Se doter d’outils et d’une culture de participation publique en continu.

       Grâce à des comités, des sondages, des consultations citoyennes, des tables de quartier, etc. Attention toutefois à ne pas en        abuser!

  • Valider votre idée initiale auprès d’un groupe test.

       Un simple groupe focus auprès d’un échantillon représentatif peut rapidement vous indiquer quelles sont les préoccupations         liées à votre projet, et vous permettre de les adresser tôt dans la démarche.

Et si, malgré tout, le projet ne passe pas?

Exemple : votre règlement de zonage est allé en référendum, et le verdict est clair : le non l’emporte sur le oui.

Après avoir essuyé un revers, il serait tentant de se dire que tout le travail effectué jusqu’à présent n’a servi à rien. Ce serait toutefois jeter le bébé avec l’eau du bain.

Après un tel revirement, les premières étapes sont :  

  1. De s’accorder le droit de vivre de la déception.

       Oui, le travail effectué était important. On y a mis beaucoup d’efforts, et on aurait aimé un résultat différent.

       Il est tout à fait normal de prendre un moment de recul, une pause, pour mieux revenir en force plus tard.

       Nous vous encourageons à reconnaître votre travail, ainsi que celui de vos collègues, et à être fiers de ce que vous avez        réalisé, malgré le résultat.  

       Surtout, nous vous invitons à ne pas prendre personnel les critiques formulées par vos concitoyens. Spécialement sur les        réseaux sociaux, où le climat social peut rapidement dégénérer et déborder du cadre du respect et de la courtoisie. Prenez        en compte les éléments pertinents de ces critiques, et servez-vous-en comme source d’amélioration lorsque possible.

  1. De faire une rétroaction.

       Il est important de battre le fer pendant qu’il est encore chaud.

  • Qu’est-ce qu’on a fait de bien?
  • Qu’est-ce qui aurait pu être fait différemment?
  • Quels sont les éléments qui ont contribué à l’opposition?

       Il est aussi essentiel d’assurer une rétroaction auprès des gens concernés, y compris ceux s’étant opposés au projet.        Vous pouvez par exemple prendre acte des résultats d’un référendum, reconnaitre la mobilisation d’un groupe ou la légitimité        du débat public autour d'un enjeu, inviter à un dialogue durable sur la thématique, déposer un bilan de la démarche,        communiquer les prochaines étapes, etc.  

       Ces éléments contribueront à montrer votre capacité d’écoute et à renforcer le lien de confiance de vos citoyens envers votre        organisation.

  1. De se remettre au travail

        Le projet sous sa forme actuelle est peut-être rejeté, mais le besoin auquel celui-ci tentait de répondre existe encore.

        On peut notamment se demander :

  • Quel était ce besoin, précisément?

        On peut même le valider par un sondage, une consultation, des entrevues individuelles, une rencontre d’équipe, etc.

  • Comment peut-on répondre à ce besoin, maintenant?

        C’est l’heure du brainstorm – on retourne à la table à dessin

  • Y a-t-il des éléments du projet qui peuvent être repris

       Quelles étapes déjà réalisées qu’on peut mettre à profit, y a-t-il des actions à conserver?

  • Qui devrait-on impliquer pour trouver une nouvelle solution?

       Quels sont les acteurs qui peuvent nous soutenir pour mieux répondre au besoin?

Exemple : votre règlement a été rejeté en référendum, mais peut-être était-ce uniquement un des chapitres qui était controversé. Lorsque vous le réviserez, vous saurez alors sur quels éléments mettre davantage d’emphase.

  1. De transformer ce revers en opportunité

       Finalement, le rejet de cette mouture de votre projet peut encore avoir du bon. Vous avez possiblement :

  • Appris quelque chose, développé vos connaissances ou vos compétences
  • Identifié des acteurs clés et leurs perspectives
  • Cerné davantage les arguments et les besoins de différents membres de votre communauté
  • Obtenu une indication plus claire de l’opinion publique autour d’un sujet
  • Acquis des arguments pour aller chercher du soutien à l’externe (ex. subvention, appui politique, etc.)
  • Remarqué des pistes d’optimisation de vos processus, notamment en termes de communication et de participation publique.

        Il est possible de transformer ces acquis en quelque chose de nouveau. Que ce soit en allant vous chercher de nouveaux         alliés, en modifiant votre projet, ou en repartant carrément à neuf, saisissez cette opportunité de créer quelque chose         de positif.

Exemple : vous avez appris que vos organismes communautaires jeunesse et culturel ont un grand besoin de locaux, et seraient prêts à s’impliquer pour redonner une vocation sociale à ce lieu patrimonial. Vous avez désormais des alliés, et même accès à des subventions supplémentaires pour réaliser le projet. Plutôt que de travailler seuls à transformer l’église en salle de spectacle uniquement, vous avez recentré le projet sur les besoins du milieu, avez réussi à répondre au besoin culturel et social, et avez maintenant une initiative qui sera soutenue par son milieu, plutôt que de le diviser.

Ce n’est pas le résultat que vous aviez escompté initialement, mais chacun y trouvera tout de même son compte au final.

Le mot de la fin

Les défis d’acceptabilité sociale sont nombreux au Québec. Changements de vocation de bâtiments patrimoniaux, nouveaux quartiers, projets d’énergie renouvelable, densification ou même politiques et règlements; l’adhésion de la communauté est un déterminant important de la réussite de vos projets.  

Plutôt que de voir l’acceptabilité sociale comme un concours à gagner, ou comme un critère d’analyse fixe, peut-être est-il temps d’établir un nouveau paradigme, qui permettrait notamment :

  • D’impliquer plus tôt la communauté, en amont des décisions et des projets, par une culture de participation publique bien vivante;
  • De reconnaître le rôle fondamental des communications;
  • D’intégrer le design thinking, en se plaçant en posture d’empathie, en centrant la réflexion sur les usagers et leurs besoins, en intégrant un processus itératif, en mesurant l’impact des projets et en favorisant leur optimisation en continu;
  • D’encourager un dialogue continu et ouvert entre tous les acteurs, des citoyens aux élus, en passant par les experts, l’administration municipale et les partenaires.
  • Finalement, de voir l’acceptabilité sociale comme un processus en continu, qualitatif et humain, plutôt que comme une simple mesure quantitative.

L’Agence Well se tient à vos côtés pour vous guider à travers les étapes clés qui précèdent tout projet de concertation. L’implication des acteurs appropriés, au moment opportun et de manière adéquate, joue un rôle déterminant dans le succès d’un projet, en particulier lorsqu’il est question d’enjeux d’acceptabilité sociale.

De plus, nous pouvons vous aider dans la création de comités, une pratique recommandée pour établir un organe bien vivant qui permettra une consultation en continu tout au long de l’évolution de votre projet.

Alors, êtes-vous prêts à voir les choses autrement?